La place des outils d’aide à la communication dans l’éducation


L’autisme est un trouble global des apprentissages, qui atteint plus particulièrement ceux liés communication et aux comportements sociaux. La place de ces apprentissages dans l’éducation de la personne autiste est donc centrale.

Toutefois, comme nous l’expliquons dans la rubrique « Education et Vie Quotidienne, il faut garder en tête que la personne progresse en combinant différents apprentissages : savoir imiter est par exemple une condition pour apprendre certains comportements de communication, ou certains sons.

Il est donc important de suivre une approche éducative globale, et d’utiliser ponctuellement certains outils d’aide à la communication selon les besoins d’apprentissage. Les approches comportementales comme l’ABA comportent des programmes (Verbal Behavior) spécifiquement dédiées aux compétences de communication.

Le choix du type d’outil d’aide sera donc étroitement lié aux compétences globales de la personne, de sa capacité à oraliser, à enchainer des actions complexes, à généraliser, et à conceptualiser.

Tel enfant entrera plus facilement dans la communication avec les signes (approche Makaton) qu’il apprendra grâce à de bonnes compétences d’imitation, et la motivation de pouvoir vite communiquer.

Un autre enfant, sans déficience intellectuelle et capable d’oraliser, entrera plus facilement dans la communication avec la méthode par échange d’images ou l’apprentissage des comportements verbaux (demander, commenter, répéter,….).

Et puis il faut bien comprendre que la communication orale ou par les signes pour l’usage de mots simples et concrets (objets, verbes simples,…) n’est qu’une première étape dans la longue route vers la communication et de bonnes compétences sociales.

La personne autiste devra en effet apprendre progressivement à comprendre les émotions, des expressions ou des façons de parler, des comportements gestuels qui ont un sens en communication, etc…La sévèrité de l’autisme et la présence d’une déficience intellectuelle rendront ces apprentissages plus lents et parfois très complexes.

Il faudra donc évaluer les compétences des jeunes enfants pour décider de la mise en oeuvre d’un outil d’aide à la communication. C’est une évaluation qui peut être conduite par le psychologue en charge de la supervision générale des programmes d’apprentissage en lien avec un.e orthophoniste qui pourra notamment étudier la présence de troubles dyspraxiques ou disarthriques.

Quelques informations sur la communication pour mieux comprendre


La communication est soit réceptive (ce que comprend l’enfant), soit expressive (ce que l’enfant veut communiquer).

Pour ces 2 modes de communication, il faut déjà connaître le niveau compréhension de l’enfant : Comment comprend-il ce que vous lui dites ? Par exemple, a t il besoin de voir une assiette pour comprendre que vous parlez de « manger », peut il comprendre qu’une photo ou un dessin d’une assiette signifie « manger », comprend il la signification du mot que vous prononcez « manger » ? Et s’il la comprend, en est il capable dans différentes circonstances et avec différentes personnes, ou seulement lorsqu’une personne le dit ?

La compréhension du langage oral, des mots, se développe très lentement chez un enfant ordinaire, grâce à une attention conjointe soutenue avec les adultes, et des processus d’imitation, d’intégration sensorielle très sophistiqués. Chez un enfant atteint d’autisme, le processus peut avoir été interrompu très tôt, et nécessiter de rééduquer toutes les étapes par lesquelles un enfant ordinaire est passé. Parfois, dans les cas d’autisme sévère, la compréhension de l’enfant peut être très restrictive : un objet peut seul communiquer une action ou un besoin, et dans un contexte très détaillé, la cuisine, ou donnée par une personne en particulier. La compréhension est alors hyper-séléctive.

Beaucoup d’enfants atteints d’autisme ont malgré tout une bonne compréhension de la communication en réception, mais souffrent de difficultés pour s’exprimer, soit par crainte de ne pas être compris, soit par difficulté à programmer dans leur cerveau toutes les étapes nécessaires à la production du langage (les praxies du langage notamment). Les aider à communiquer malgré ces difficultés est une priorité tellement la capacité à communiquer joue sur les comportements, et bien sûr les troubles du comportement (agressivité, automutilation).

Les méthodes de communication par l’image


La plus connue des méthodes, dans le monde occidental de l’autisme, est la méthode PECS® (sigle voulant dire système de communication par échange d’images).

Tout comme il nous arrive, sur Internet et les réseaux sociaux, d’utiliser des images simples et concrètes pour mieux communiquer et mieux nous faire comprendre (les émojis  ).

Au delà de son principe simple de classeur comportant des images ou des pictogrammes que l’enfant va utiliser en l’absence de parole, le point fort de cette méthode, sur la base de l’expérimentation, est sa progressivité. Différentes étapes doivent être suivies dans un ordre déterminé. Une guidance comportementale est mise en place au départ pour initier la compréhension et l’usage de l’image pour émettre une communication. L’enfant apprend qu’en donnant une image à un adulte, il peut obtenir ce à quoi correspond cette image. L’adulte accompagnera cette demande d’une prononciation du mot correspondant. La communication devient donc fonctionnelle : A chaque fois que l’enfant va donner une image représentant un sens bien précis pour lui, il va avoir le comportement de l’adulte qu’il attend, comme donner un aliment attendu, avoir un jouet, et apprendre le son du mot correspondant.

Si l’enfant ne comprend pas l’image comme symbole de l’objet, il faudra passer par des étapes préliminaires d’association de l’objet à son image (photo de l’objet) puis tenter de ne fonctionner progressivement qu’avec cette image sans l’objet associé.

La formation à la méthode est assurée par PECS France, mais aussi par des orthophonistes formés eux même à la méthode et qui vont guider les parents dans les étapes.

Petit à petit, du mot l’enfant peut passer à une phrase, et à des enchainements plus complexes. Si l’enfant a la capacité à oraliser, donc à faire des sons adaptés, et à prononcer des mots, il va entrer dans le langage oral.

Il peut mettre parfois beaucoup de temps à commencer à parler, mais pendant cet intervalle, il aura bien à ses côtés un outil d’aide à la communication qu’à peu près n’importe quel adulte peut utiliser aussi pour dialoguer avec lui. Donc, un outil de ce type est soit un tremplin vers le langage soit un système permanent d’aide à communiquer.

La communication par les signes comme préalable


Une autre méthode, anglaise celle-ci, le MAKATON, reprend le principe d’images pictogrammes simplifiées, mais se distingue du PECS par l’idée que l’enfant doit avoir le choix de l’outil de communication qu’il préfère : des signes gestuels du type de ceux de la langue des signes utilisée dans le cas de malentendance, ou des pictos, ou la parole pour les mots qu’il parvient à oraliser.

On apprend à l’enfant à faire un signe et à prononcer en même temps, ou alors à prendre une image et à dire le mot en même temps. Il peut rester en mode « langue des signes », ou en mode images, ou se mettre à prononcer des mots simples, puis de plus en plus complexes. L’intérêt de cette méthode dans le cas de l’autisme est d’associer un geste et une parole, et donc de donner avec le geste une aide au déclenchement d’une action qui débouche sur la parole. Sensoriellement, les enfants avec autisme, ont du mal à initier certaines actions complexes comme le fait de parler. Faire un geste peut aider à initier toute la démarche de parole.

Cette méthode nécessite tout comme le PECS que l’enfant comprenne la symbolisation du langage (le mot X correspond à tel objet, telle personne, et de façon permanente, …). Elle suppose aussi une formation de l’entourage de l’enfant à la langue des signes Makaton. Mais c’est parfois la solution la mieux adaptée à l’enfant.

Des formations pour parents sont possibles, et des orthophonistess formés peuvent coacher l’enfant et les parents dans la mise en oeuvre de la méthode.

La LSF, langue des signes française, est aussi une aide, du même ordre que le Makaton et différents praticiens, établissements, y compris des établissements ABA, peuvent avoir recours à la LSF pour proposer une solution de communication gestuelle plus accessible que la parole.

Pensez aussi que les outils numériques, avec des applications dédiées à la communication (Lear to talk, Communicotool,…) peuvent pallier aussi certaines difficultés d’expression orale de l’enfant.

L’ordinateur pour un enfant qui sait lire et taper des mots peut favoriser la communication. Il apprend les lettres du clavier et tape lui-même sur l’écran les mots et phrases qu’il veut prononcer. Rien à voir ici avec la « Communication Facilitée », approche très contestée dans le milieu de l’autisme, et sans aucun fondement scientifique.

En tout cas, les méthodes que nous proposons ici apportent une réponse pratique et fonctionnelle, validée par les autorités de santé en France et qui permettent d’éviter des solutions plus aventureuses et mal documentées comme l’est la Communication Facilitée.

Emotions et scénarios sociaux, vers des interactions sociales plus complexes


Comprendre le langage oral, et le parler, n’est qu’une étape vers l’apprentissage d’une communication plus élaborée : Compréhension d’une intonation, d’une expression du visage, d’une posture, mais aussi compréhension des règles de la communication entre les êtres dans des situations données…Ce qui se dit, ne se dit pas, se fait et ne se fait pas…ce qui se passe en groupe qui diffère de la communication entre individus, les sous-entendus et le fait que l’autre pense aussi dans sa tête (la théorie de l’esprit) !

Tous ces apprentissages « complexes » de la communication sont à mener en parallèle ou dans la suite de l’émergence du langage. Différents outils, images, manuels traitent de l’apprentissage des émotions et des « scénarios sociaux ». Voir par exemple le site Autisme Diffusion (page « ressources utiles« ) , « La » boutique en ligne des livres, manuels et outils dédiés à l’autisme. Certaines associations proposent aussi des principes de groupes de socialisation où sont enseignés les codes de communication interpersonnelle, en duo ou en groupe.